Hangman’s Chair : interview de Julien et Mehdi

1er mars 2022 à 11h14 par Aurélie Communier

Hangman's Chair
Hangman's Chair
Crédit : Hangman's Chair

Les dignes représentants du doom français font un retour remarqué avec la sortie de « A Loner », un album mélancolique et lumineux qui reste à ce jour l’une de leurs productions les plus abouties et captivantes !

Formé en 2005, Hangman’s Chair s’est forgé à travers les années une belle réputation autant sur disque qu’en live. Après « Banlieue Triste » dévoilé en 2018, suivi de l’Ep « Bus de Nuit » sorti l’année précédente, le groupe a profité de la pause imposée par la pandémie pour se pencher sur son successeur, « A Loner ». Un disque qui porte comme thème principal la solitude, un sentiment qui nous a tous traversé à un moment donné et encore plus ces derniers mois.

Pour cette première production signée Nuclear Blast, Hangman’s Chair a dû s’adapter à des méthodes de compositions quelque peu différentes, mais une chose ne change pas : leur fidélité et leur attachement au travail de Francis Caste aux studios Sainte Marthe.

À l’occasion d’une journée promo organisée quelques jours avant la sortie du disque, OUIFM a invité Mehdi (batteur) et Julien (guitare) dans ses studios pour en savoir un petit peu plus autour de ce nouvel album !

Ecouter l'interview de Hangman's Chair : 

Votre album sort le 11 février prochain, comment vous vous sentez à l’approche de cette date ?

Mehdi : On est bien sûr très content, on a hâte. On est vraiment impatient de pouvoir le partager en concert. Ça fait un an qu’on l’a enregistré, une bonne année pour mettre en place la promo avec notre nouveau label Nuclear Blast, et du coup après quelques singles dévoilés, voilà, maintenant, on attend avec impatience cette sortie.

Julien : Heureusement qu’il y a eu la sortie des singles en amont pour nous faire patienter.

Vous l’avez donc enregistré il y a un an... Comment ça s’est passé au niveau de la composition, de l’écriture et de l’entrée en studio, surtout après ces nombreux mois de pandémie ?

Medhi : C’est un cheminement un peu classique au début puisqu’avec Julien, on compose chacun de notre côté. Comme d’habitude, on arrive avec des morceaux, on a une espèce de banque de sons chacun de notre côté...

Julien : On compose un peu tout le temps, donc on a toujours des morceaux en stock.

Medhi : On a dû s’adapter à la situation que tout le monde connaît. On était chacun chez soi, on a dû mettre en place tout un processus. Forcément, on avait le temps, on a pu s’y consacrer à 200 %, chose que d’habitude, on ne peut pas faire avec notre vie privée, notre vie professionnelle, et le groupe qui prend énormément de temps. Là, en l’occurrence, on avait que ça à faire, donc ça nous a fait du bien aussi, bien que ça soit un truc assez étrange ce confinement. Il a fallu s’adapter à la distance. Notre local était fermé, on ne pouvait pas répéter. C’était étranger, mais on s’en est sorti.

Julien : C’était tout nouveau pour nous. Il a fallu travailler avec des nouveaux outils, des logiciels surtout. Nous, on est un peu à l’ancienne, on répète beaucoup. Et là, c’était l’occasion de s’essayer à de nouvelles techniques par la force des choses. On a pu creuser beaucoup plus sur les arrangements, on a vraiment pu tout fignoler avant d’arriver en studio chez Francis.

Mehdi : Je crois qu’on n’a jamais été aussi prêt à vrai dire, donc c’est une méthode qui nous a fait du bien en vrai.

Pour l’enregistrement de ce disque, vous avez encore fait appel à Francis Caste, un producteur avec qui vous travaillez depuis des années. Comment se passent les sessions studios avec lui ? On a limite l’impression qu’il fait partie du groupe maintenant.

Mehdi : Ouais, c’est un peu ça ! On est à deux doigts d’acheter les locaux (rire). On arrive, on s’organise, on lui présente un petit peu l’idée et la couleur qu’on souhaiterait. Si on a envie d’évoluer sur quelque chose, il nous laisse carte blanche là-dessus, puis il nous suit. Il a des idées intéressantes, c’est pour ça qu’on va tout le temps chez lui. C’est confortable, on s’y sent bien. Il est à l’écoute, et puis il est arrangeur, il a des oreilles fraîches également. Quand on est un peu dans le laboratoire pendant des mois sur les morceaux, ça fait du bien.

Julien : Pour nous, c’est assez important d’avoir son ressenti quand on est vraiment dans notre bulle et de ressortir de là-dedans avec lui pour pouvoir avoir cette oreille extérieure qui nous dit : « OK d’accord, on va dans le bon sens. »

Mehdi : Ouais, c’est ça, il fait vraiment office de cinquième homme. Et puis on essaie, mais on ne s'éparpille pas, c’était agréable.

 

Tu parlais de couleur de l’album... Avec « A Loner », on est dans des compositions avec des thèmes très sombres, chose qu’on retrouve souvent dans votre musique. Vous vous sentez plus à l’aise dans le fait d’écrire des chansons tristes ou ça fait partie intégrante de l’ADN de Hangman’s Chair ?

Mehdi : Et bien, je crois les deux. On se sent plus à l’aise à écrire des chansons mélancoliques, c’est certain. On se sent plus à l’aise avec les accords mineurs. Mais après l’idée sur cet album-là, notre ligne directrice avec Julien au départ, c’était de jouer sur les contrastes. On voulait vraiment essayer de mettre un peu plus de lumières, un peu de clarté, un peu d’ouverture, un peu d’air dans la musique.

Julien : Ouais, ça se ressent un peu dans tout... Dans la production, dans le songwriting, même dans le visuel.

Mehdi : On a essayé de mettre un peu de lumière dans cette mélancolie. Et on est satisfait du résultat.

Est-ce qu’il y a des groupes en particulier qui vous ont inspiré pour l’écriture de ces nouveaux morceaux ?

Mehdi : On explore énormément, on écoute beaucoup de choses. C’est vrai que ce temps libre qu’on avait nous a permis aussi d’écouter pas mal de musique. Et il y a aussi tout ce qui se passe dans notre vie, il y a des choses qui nous ont marqué...

Julien : Je sais qu’en groupes, à chaque fois, avant de rentrer en studio, je réécoute toujours Type O Negative pour me remettre dans l’ambiance. J’ai écouté pas mal l’album « Slip » de Quicksand, parce que je voulais me rapprocher de ce son de guitare. Sinon, y' a aussi The Sound, c’est un truc que j’ai un peu découvert sur le tard, un vieux groupe des années 70 anglais, un peu post-punk. Je me suis vachement inspiré de ça pour le songwriting, et même pour les effets de guitare, beaucoup plus allégés, beaucoup plus simples.

Et je crois qu’il y a aussi un joli clin d’œil au Cure dans le titre de cet album, je me trompe ?

Julien : En fait, l’histoire, c’est que j’avais lu un article dans un magazine, et Robert Smith parlait des trois premiers albums des Cure. Sur l’album « Faith », il parlait de ce disque comme « l’album du solitaire ». Cette petite phrase choc, ça m’avait marqué. On voulait même appeler l’album au début comme ça, « l’album du solitaire », et du coup, c’est passé à « A Loner » pour garder justement ce thème de la solitude.

Pour la promo de « A Loner », vous avez dévoilé trois clips avec un univers bien travaillé, je pense notamment au dernier « Loner » qui est carrément une sorte de documentaire. Comment vous est venue l’idée ?

Mehdi : On a la chance avec Nuclear Blast de pouvoir proposer trois singles avec des clips pour accompagner la sortie, c’est une première pour nous. On a eu l’occasion de travailler avec des réalisateurs de goûts, et qualitatifs. C’est un ami que l’on connaît depuis un moment qui travaille dans le cinéma, Kendy Ty, et il est arrivé avec cette idée. Il nous a demandé de trouver quatre personnages dans notre entourage pour pouvoir les filmer dans leur vie, dans leur espace.

Julien : C’est un vrai documentaire, il a passé genre 30 min, voir 1 heure avec eux...

Mehdi : Il les a mis à l’aise et il a réussi à en ressortir des émotions et une belle couleur. Il a une magnifique photo en plus. Ça fait comme un docu. Ça met en valeur le morceau et le morceau habille ce documentaire. C’est une belle réussite, on est vraiment content d’avoir fait cette collaboration avec lui. Ça a sublimé le morceau. Les images sont vraiment très fortes. 

Dans vos clips, on retrouve également des grands noms du cinéma comme la participation de Nicolas Duvauchelle pour “Naïve” et dernièrement, c’est Béatrice Dalle qui a fait une apparition dans la vidéo de “Cold And Distant”. Comment vous vous êtes retrouvé à travailler avec ces personnalités ?

Medhi : Nicolas Duvauchelle, c’est un copain de longue date. Il était pas mal dans la scène hardcore quand il était plus jeune, il chantait dans un groupe. On se connaissait de cette époque-là, on se retrouvait en concert. On a gardé contact même après, quand il a commencé dans le cinéma. Du coup, on lui avait demandé, et gentiment, il a accepté, il a adoré le projet. C’était top de faire ça avec lui. Pour Béatrice Dalle, c’est comme un concours de circonstance. On a travaillé avec Oscar Bizarre pour deux clips, celui avec Béatrice Dalle et on avait aussi tourné celui de « Who Wants To Die Old ». Il connaissait Béatrice parce qu’il avait déjà fait un court-métrage avec elle. Il lui a demandé et elle a tout de suite adhéré, donc on a fait : “Banco ! On va changer un peu nos plans !” On est très fan de l’actrice et du personnage. Tu pourrais la filmer dans un carreau blanc, ça ferait un super clip. Elle en impose énormément, c’était une super rencontre.

Une chose est sûre, vous n’allez pas avoir le temps de vous ennuyer cette année. Vous venez d’annoncer pas mal de dates pour la promo de ce nouvel album… Avec un Trabendo à Paris en mars et un troisième passage au Hellfest cet été avec une petite surprise au programme. 

Mehdi : On a annoncé 45 dates jusqu’à août déjà, pour le premier jet. Maintenant, on croise les doigts comme tout le monde pour que tout se passe bien. Et au Hellfest, ils nous ont invité pour jouer en headline le jeudi soir, le deuxième week-end, on est honoré de ça. On y sera également le dimanche, on va reproduire cette collaboration qu’on a faite avec Regarde les Hommes Tomber. On avait travaillé un set spécial, ça devait être un one shot pour une date au Trianon. Et du coup, ça a plus, y a eu des super retours. Le challenge et la collaboration nous ont plu aussi, on a rencontré des mecs super…

Julien : On va refaire tout le set, plus un nouveau morceau. Et c’est quelque chose qu’on va aussi refaire au Road Burn cette année.

 

Hangman’s Chair nous donne donc rendez-vous sur les routes de France pour découvrir en live leur nouvel album “A Loner”, disponible ici.

Retrouvez l’ensemble des dates de leur tournée ci-dessous : 

2022

14/03 - Rennes  - L'Étage (avec ALCEST)

15/03 - Toulouse - Le Rex (avec ALCEST)

18/03 - Montpellier - Victoire 2 (avec ALCEST)

19/03 - Grenoble - L'iliade (avec ALCEST)

06/04 - Caen - Le Cargö 

07/04 - Béthune - Le Poche 

08/04 - Paris - Le Trabendo

09/04 - Metz - Les Trinitaires 

05/05 - Cognac - Les Abattoirs 

07/05 - Nantes - La Cité des Congrès 

13/05 - Châteaurenard -  Les Passagers du Zinc

14/05 - Cannes - Picaud MJC

21/05 - Rouen - Le 106

 23/06 - Clisson  - Hellfest (Tête d'affiche de la Valley)

26/06 - Clisson - Hellfest (collaboration avec Regarde Les Hommes Tomber)