David Thomas, chanteur de Pere Ubu, est mort
Publié : 25 avril 2025 à 11h30 par Iris Mazzacurati
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L’une des voix les plus originales du courant post-punk s’est éteinte. Poète, chanteur, musicien avant-gardiste, avec la disparition de David Thomas, c’est tout un pan du rock (très) alternatif qui s’en va. Il avait 71 ans.
Une voix aiguë et volontairement chevrotante, pas très loin de celle de John Lydon (ex chanteur de PiL et des Pistols), c’est peut-être ainsi qu’on se souviendra principalement de David Thomas.
À dire vrai, ce serait réducteur : le musicien a apporté au rock, né des cendres du punk, un audacieux mélange s’appuyant sur une vision très arty de la structure de ses compositions et rurale pour le son sans fioriture (Pere Ubu avait sa base en plein Midwest) ; une sorte de Talking Heads plus prise de tête, sans le côté dansant.
David Thomas et de Père Ubu auront engendré tout un tas de formations se réclamant du courant cérébral du post-punk qui ne rechignait pas sur une certaine théâtralité ou bien encore sur le genre "math rock", dont on se demande encore ce que cela peut bien vouloir dire.
Avant de former Pere Ubu, David Thomas avait sévi (avec Peter Laughner et Cheetah Chrome) au sein du collectif punk et déjanté de Rocket From The Tombs pendant un peu plus d’un an.
Puis ce fût l’expérience – et le mot n’est pas trop fort – Pere Ubu inspiré de l’œuvre d’Alfred Jarry qui, comme lui, cultivait précieusement son avant-garde, cf la pataphysique (la science des solutions imaginaires, pour faire simple) et la pièce Père Ubu.
Inutile de souligner plus longtemps à quel point David Thomas avait fait bouger les lignes d’un genre rock qui s’essoufflait avant de connaître une véritable renaissance à laquelle Pere Ubu, The Residents, James White (mort l’année dernière) ou Glenn Branca (disparu en 2018) n’étaient certainement pas étrangers.