New Politics

OUI FM

19 janvier 2011 à 22h18 par Cécile Descamps

Tout « envoyer se faire foutre » : telle est la philosophie des New Politics, philosophie dont ils ont fait leur slogan. C’est un slogan trash, apathique. Mais pour le groupe de Copenhague, ce n’est pas synonyme d’abandon mais plutôt de prise de risques, ce qu’ils font avec une désinvolture imprudente.

Tout « envoyer se faire foutre » : telle est la philosophie des New Politics, philosophie dont ils ont fait leur slogan. C’est un slogan trash, apathique. Mais pour le groupe de Copenhague, ce n’est pas synonyme d’abandon mais plutôt de prise de risques, ce qu’ils font avec une désinvolture imprudente. Ainsi, en novembre, alors que le groupe était sur le point de signer avec RCA Records, ils se sont dits « Si on devient hyper connus aux Etats-Unis, autant vivre là-bas. » Et les trois musiciens ont emballé leurs instruments et leur matériel d’enregistrement, ont tout « envoyé bouler » et ont emménagé dans un loft dans le quartier de Williamsburg, à Brooklyn. Autre exemple : cela faisait déjà plus de trois ans que David et Soren écrivaient des chansons ensemble pour leurs albums solo respectifs (qui ne sont d’ailleurs toujours pas sortis) lorsqu’ils se sont rendus compte qu’ils avaient créé un groupe sans le vouloir. Les deux musiciens s’étaient essayés à tous les styles musicaux (absolument tous) avant de s’apercevoir que le mélange de leurs sensibilités musicales donnait un son nouveau et intéressant, comme le prouvent les 300 chansons qu’ils ont co-signées. De plus, le côté exubérant et rythmé de leurs chansons permet à Soren de se défouler sur scène pendant que David en profite pour offrir une démonstration de ses talents de break-dancer. « Musicalement parlant, on était arrivés à un point où on pouvait vraiment dire qu’on avait lâché le morceau, explique David. On en était là. Ce n’était plus qu’un hobby. Peut-être qu’au fond de nous on s’accrochait encore à nos rêves, mais pour nous, le plus important c’était le plaisir que nous procurait la musique. On essayait de s’aider mutuellement et au final on s’est retrouvé à faire des essais qui ont donné quelques bonnes chansons. » Les garçons ont alors tout « envoyé se faire voir » encore une fois et se sont inscrits à tout hasard au concours de la radio nationale danoise P3, judicieusement nommé Karriere Kanonen (« lanceur de carrière ») début 2009 avec deux chansons — « Stress » et « Make Money ». Ils ont été parmi les 42 groupes sélectionnés sur les 973 participant. Et ils n’étaient même pas un vrai groupe. « Ils nous ont appelés et ils ont dit “ Félicitations, vous jouez au club dans trois semaines, vous êtes prêts ?” alors qu’on avait jamais joué en live, raconte David. On avait trois chansons, pas de batteur et on ne savait même pas si on voulait un bassiste. On n’avait aucune idée. » David et Soren ont alors appelé Poul, autre musicien passionné sur le point de laisser tomber. En fait, l’appel est arrivé juste un mois après que Poul ait décidé d’abandonner la musique pour faire des études de maçonnerie. Lui aussi a tout « envoyé se faire voir » et le trio a commencé à répété. Ils ont décidé de ne pas prendre de bassiste et ont donné un premier concert tapageur qui a à la fois désorienté et étonné le jury. Contre toute attente, le groupe a été sélectionné pour le tour suivant et a finalement fait partie des quatre groupes à remporter le Karriere Kanonen en avril. Mais ce concours n’a pas vraiment aidé à lancer leur carrière. Cette victoire leur a permis de jouer au Spot Festival du Danemark en mai, et ils ont offert un spectacle si déchaîné que Poul et Soren ont fini couverts de sang et que Poul a failli décapiter un fan en lançant une de ses baguettes. Les maisons de disques du Danemark, qui aimaient ce genre d’ambiance, ont commencé à leur faire des propositions. Mais, comme les pionniers, les New Politics rêvaient d’Amérique et une vidéo de leur prestation endiablée sur la chanson « Yeah Yeah Yeah » montrant toute leur passion pour la scène (et la capacité de David à faire le poirier sur un ampli) a rapidement convaincu les maisons de disques américaines de s’intéresser au trio. « On s’est rendus compte qu’au point où on en était, on devait soit profiter de notre succès au Danemark et en Europe et se dire qu’on n’aurait pas mieux, ou bien prendre des risques, explique David. Et on n’a pas voulu attendre. » Les New Politics, qui ont signé avec RCA Records en novembre 2009, n’ont pas fini de surprendre. Ils écrivent actuellement leur premier album, dont une grande partie de la démo a été réalisée dans un studio d’enregistrement très professionnel improvisé dans la chambre de Soren. Le truc, comme vous le dira le groupe, c’est de ne pas de se prendre la tête sur les aspects techniques : il suffit de jouer avec passion et énergie, de tout envoyer « se faire voir » et tout finira par s’arranger. « L’important, c’est pas vraiment la technique ou la dextérité : c’est la vérité, affirme David. Je pense que les gens sont prêts pour ça. Ils en ont marre de ce qui passe dans le monde. Il n’y a pas vraiment de réponse. Il n’y a rien de solide, aucune fondation. On le sent nous aussi. C’est pour ça qu’on écrit nos chansons. On peut presque se moquer de la vie. On est à l’image de notre slogan : agressifs, et on va le jeter à la face du monde. On est des politiciens. Je pense que notre musique réveille quelque chose chez les gens. C’est un appel. »