Disparition de Wayne Kramer, tête hurlante du MC5

5 février 2024 à 11h02 par Iris Mazzacurati

Wayne Kramer avec Iggy Pop lors du concert caritatif Road Recovery 2009 à New York, le 1er mai 2009.

Le chanteur et membre emblématique du vilain MC5 (pour Motor City) est mort le 2 février à 75 ans. Il était considéré comme un des pionniers du punk sur lequel surferont les Stooges, les Ramones et les Rage Against The Machine.

« Kick Out The Jams, Motherfuckers!!!! » On imagine aisément la réaction de l’Amérique lorsque Wayne Kramer éructa cette phrase devenue culte avant de lancer son non moins cultissime titre lors d’un album live de 1969 qui allait marquer l’histoire du rock au fer rouge.

C'est lui qui a mis Detroit sur la carte, une ville industrielle vouée au dieu de l’automobile, de laquelle émergeront aussi les Stooges.

A la fin des années 60, il y d’un côté le metal balbutiant et, de l’autre, un rock qui se laisse pousser les cheveux embrassant la cause « flower power ». Et puis il y a le MC5 qui choisit une autre voie : la sienne.

La formation va dynamiter la scène rock, voire la société, et lancera plus qu’un courant musical, une attitude. De vrais badass du rock : malpolis, sales et authentiquement irrévérencieux - les britanniques leur piqueront tout par la suite.

Ce qui change, c’est la politisation de leur musique. Marxiste, Wayne Kramer a approché les White Panthers, mouvement blanc de soutien aux Black Panthers.

Avec le MC5, Kramer joue partout où ça chauffe comme en 1968 lors d’une convention démocrate à Chicago où les forces de l’ordre chargent brutalement les manifestants anti guerre du Vietnam.

Politics, drugs & rock’n’roll :  le MC5 implose au bout de 2 albums (Kick Out The Jams et Back In The USA), mais réussiront à poser les bases desquelles se nourrira le punk rock quelques années plus tard.

 

 

Quant à Wayne Kramer, il passe 3 ans à l’ombre entre 1975 et 1978 après avoir vendu de la drogue à 2 agents du FBI infiltrés. Il tentera quelques collaborations musicales, notamment avec Johnny Thunders éternel grand déglingo de l’histoire mouvementée du rock’n’roll.

Ces derniers temps, entre réformations éphémères et concerts hommages, Wayne Kramer écrivait. Auteur d’une autobiographie notamment The Hard Stuff: Dope, Crime, The MC5 & My Life of Impossibilities. (Non traduite en français).

Sur son compte Instagram, Tom Morello a salué sa mémoire par ces simples mots « Wayne était une combinaison de sagesse et de compassion qui allait au-delà de l'inspiration. Repose en paix mon cher frère. ».  

 

Wayne Kramer est décédé le 2 février des suites d’un cancer du pancréas.