[Interview] LANDMVRKS
25 mars 2021 à 18h17 par Mathieu David
A l'occasion de la sortie de Lost In A Wave, Aurélie a rencontré Paul C. Wilson (guitare) et Kévin D'Agostino (batterie).
A l'occasion de la sortie de Lost In A Wave, Aurélie a rencontré Paul C. Wilson (guitare) et Kévin D'Agostino (batterie).
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Marseille est connue pour son vieux port, son pastis, sa bouillabaisse et sa fameuse équipe de foot, mais c’est aussi une scène métal pugnace, déterminée et percutante. On y retrouve LANDMVRKS, qui vient de dévoiler son troisième album studio, Lost In A Wave sur le label allemand Arising Empire (qui a bien flairé le talent de par chez nous puisqu'il compte dans leur catalogue également Novelists et Kadinja).
Le groupe se fait connaître en mai 2016 avec Hollow, un premier album qu’ils ont produit eux-mêmes (Florent Salfati (chant) et Nicolas Exposito (guitare) sont ingénieurs du son de profession) et qui en dit long sur la dextérité et le caractère indépendant de ce quintet. Une carte de visite entre riffs hardcore et refrains accrocheurs avec laquelle ils vont parcourir les routes d’Europe et squatter les scènes des grands festivals, parfait pour se faire une belle réputation à leur retour à la maison. S'en suit un deuxième album en 2018, Fantasy, qui sera soutenu par Arising Empire et qui leur permettra de s'imposer en première partie de While She Sleeps, Stray From The Path et Any Given Day, entre autres.
Aujourd’hui, LANDMVRKS continue son petit bonhomme de chemin avec Lost In A Wave, dans les bacs depuis le 19 mars, un disque qui montre encore une fois l’étendue du talent des garçons et aussi leur facilité à mélanger leurs influences tout en gardant leur identité. LANDMVRKS fait son propre metalcore, il s’aventure dans ses retranchements, défonce les barrières établis et nous balance une liberté musicale assumée et délirante.
Malgré cette crise sanitaire sans précédent, LANDMVRKS est la preuve qu’avec beaucoup de détermination, de talent et d’envie rien n’est impossible. Ayant eu un vrai coup de cœur pour leur nouvelle production, on a pris quelques minutes avant le couvre-feu pour aller discuter avec Paul C. Wilson et Kevin D’Agostino, le guitariste et le batteur du groupe (débarqué dans la formation en 2018) qui ont pris l’aventure à bras le corps et surtout rejoint une belle équipe de copains.
Vous êtes les deux derniers arrivés dans le groupe, comment s’est passée votre intégration dans l’équipe ?
Kevin : Je connais Flo depuis bientôt 10 ans, on était à l'école ensemble. Je l'ai vu créé ce groupe. J'ai toujours kiffé ce qu'il faisait. A un moment donné, Ils ont dû se séparer de leur ancien batteur. Il m'a dit "Si t'es chaud, allez !" et j'ai dit “oui”.
Paul : Ça fait une quinzaine d'années que je connais Nico, le guitariste. Je suis de Paris, et le reste du groupe est de Marseille. On discutait via Myspace à l'époque, et je les ai vu monter ce groupe. De mon côté, je joue dans un autre projet, Chunk! No, Captain Chunk!. On parlait beaucoup de musique et de la carrière de nos groupes respectifs. Je me suis mis à faire de la photo il y a quelques années, et notamment de la photo de tournée. Je me suis vite retrouvé à faire des photos pour LANDMVRKS, j'ai fait pas mal de dates avec eux jusqu'au moment où ils m'ont proposé le poste de guitariste.
Kevin : C'est très cool parce qu'on est tous potes, il y a une très bonne ambiance. Il n' y a vraiment pas de soucis, c'est la famille.
Comment gérez-vous cette sortie d’album en cette période si particulière ?
Paul : Ca va, on fait comme on peut. On est un peu frustré mais il faut s'adapter. C'est sûr que ce ne sont pas les meilleures conditions pour sortir un album mais il faut que ça sorte. Il faut que le public ait quelque chose à se mettre sous la dent. Je pense que les gens en ont besoin, de se mettre de la bonne musique dans les oreilles et de penser à autre chose.
Vous avez enregistré ce nouvel album dans quelles conditions ?
Kevin : Pour faire l'album, on a fait deux sessions. La première, c’était en été 2019. On a loué une grosse maison avec plusieurs studios, une grosse piscine et compagnie... En plein été, c'était carrément cool. On s'est réuni et on a mis en commun tous les riffs qu'on avait, puis on a taffé. On est sorti de là avec quatre ou cinq chansons je crois. Après, on a repris les tournées. On a pas mal composé à distance et on s'est refait une session pendant le COVID à l'été 2020.
Paul : On s'est rejoint quand même en studio durant l'été 2020 pour finir nos morceaux... mais c'est vrai que dans tout le processus d'écriture de l'album, y a eu des phases où on était tous à distance et on s'envoyait les tracks par internet.
Pour ce disque, est-ce que vous aviez une idée de ce que vous vouliez en amont ou vous avez bossé au feeling ?
Paul : Honnêtement, pour cet album on n'avait pas de direction précise. On voulait juste tester de nouvelles choses, faire quelque chose d'authentique en ayant tous les membres réunis qui se mettent à composer en même temps. Pas avoir juste des musiciens qui bossent de chez eux et qui envoient leurs tracks pour validation. Le studio nous a permis de nous retrouver et donc de tester tout ça. On avait pas une idée précise de ce qu'on voulait, on avait juste en tête de faire un LANDMVRKS 2.0, quelque chose de frais. Garder l'essence de LANDMVRKS mais l'amener à un niveau supérieur notamment dans le songwriting. On ne s'est pas mis de barrières, c'était un peu un album test pour nous.
Kevin : Ca s'entend dans l’album. Y a pas forcément de rapport entre toutes les chansons, y a un son commun mais en même temps, tu passes d'un style à un autre. On n’avait rien de prévu.
Pour Lost In A Wave, vous vous êtes occupés vous-mêmes de la production, comme avec vos albums précédents ?
Paul : On a tout fait tout seul, c'est Flo (Florent Salfati, chant) et Nico (Nicolas Exposito, guitare) qui s'en sont occupés. Flo a mixé et masterisé puis Nico a fait l’engineering. Tout est fait maison. Comme ils sont tous les deux ingés son et qu'on a un studio à dispo, c'était beaucoup plus facile de faire comme ça, surtout vu la situation actuelle, que d'aller dans un studio et d'être limité à un certain timing. Là, on a pu prendre tout le temps qu'on voulait, c'était moins stressant et plus facile pour nous.
Et bosser avec un producteur extérieur, c’est quelque chose qui pourrait vous tenter pour la suite ?
Paul : Oui, on est ouvert à l'idée. Dans le futur, on aimerait bien travailler avec d'autres gens pour avoir un autre point de vue sur notre musique et que ça puisse apporter quelque chose de nouveau. C'est quelque chose qu'on a pas encore fait mais on en a déjà parlé, et on aimerait bien le faire pour la suite. Travailler avec quelqu'un qui nous plait vraiment, ce serait sympa à tester.
Sur cet album, on retrouve plein de styles différents, notamment dans le titre Visage où vous avez carrément intégré des sonorités rap/hip hop. Comment est né ce morceau ?
Kevin : Dès le début avec LANDMVRKS, on a toujours essayé de mélanger les styles qu'on aime, et le challenge c'est que ça soit cohérent. Pour cet album, on ne s'est pas donné de limite. On aime le rap, Flo est rappeur à côté de ce projet. On s'est dit : “Allez, on le tente !” On écoute tous pas mal de rap dans le groupe, alors "pourquoi pas?". On a essayé sur le titre Visage et on est très content du résultat.
Paul : Flo voulait tester le chant en anglais au début mais ça collait pas trop au niveau du flow, c'était pas authentique. Surtout qu'il rappe en français à la base. Il avait un peu d'appréhension par rapport à ça. On a toujours chanté en anglais dans LANDMVRKS. On a un style de musique très anglophone. Mais au final, quand il nous a envoyé la track, on a tous trop kiffé. C'est vraiment pour nous tous l’un de nos morceaux préférés de l'album. Ça va surprendre des gens mais on n'est pas un groupe de metal puriste, on a plein d'influences, on écoute tous plein de choses différentes et ça se ressent dans l'album.
Quels sont les morceaux dont vous êtes le plus fièrs de ce nouvel album ?
Kevin : Visage pour son originalité, Say No War parce que c’est la violence du début à la fin, c’est une chanson assez courte et très cool à jouer. Et je dirai aussi Lost In A Wave qui est peut-être la meilleure chanson pour moi.
Paul : Pareil, Visage parce que je suis ancré dans toute la scène rap et que c'est quelque chose que j'écoute beaucoup. Puis, ça fait du bien aux oreilles d'avoir ce mélange de style, cette fraîcheur. Lost In A Wave, parce que c'est une chanson puissante que ce soit au niveau de l'instru que des paroles. Et une autre que j'aime beaucoup aussi, Always qui est l'un des morceaux les plus pop de l'album. Elle a une bonne dynamique, elle est très “summer fresh”.
Depuis ses débuts, LANDMVRKS a fait pas mal de tournées en Europe… C’est une étape obligatoire pour être pris en sérieux en France ?
Paul : J'ai l'impression que le public français est assez difficile à convaincre et du coup, pour se donner une valeur je pense que beaucoup de groupes essaient de percer à l'étranger pour ensuite être reconnu en France. Pour pas mal de groupes comme LANDMVRKS, Novelists, Betraying The Martyrs, Chunk!... On a tous essayé d'abord de se faire un nom à l'international pour ensuite revenir en France sur une plus grosse base, et faire des concerts un peu plus gros que ce qu'on aurait pu faire si on avait directement commencé par la France. Et ça permet aussi de toucher un public plus large. Il y a quelque chose dans cette scène, cette impression qu'il faut faire ses preuves à l'étrange pour être validé en France.
Malgré cette période un peu compliquée, qu’est-ce que vous avez prévu dans les mois à venir avant d'attaquer votre tournée européenne cet automne ?
Paul : Je pense que durant l'été on va essayer de tourner un clip ou deux. On va peut-être avoir un projet qui va sortir en parallèle, on ne sait pas quand. C'est un truc sur lequel on bosse depuis l'année dernière avec nos potes de Novelists, on espère le sortir cette année. On a un projet de concert virtuel en cours qu'on va surement dévoiler bientôt mais je ne peux pas en dire plus. Et puis, on pense à des petites sessions lives stream. On commence à en parler dans le groupe. On se rend compte qu'il faut se diversifier, trouver un moyen de pouvoir défendre l'album malgré le fait qu'on ne puisse pas tourner. Ça va être une année challenge mais il va falloir trouver des solutions. On va essayer de faire vivre ça comme on peut au maximum et essayer de faire des connexions avec les fans. On va réfléchir à des moyens pour reconnecter avec le public, de faire des échanges, des sessions Twitch, je sais pas trop... Quelque chose qui va nous permettre de communiquer pour que le public se sente un peu moins délaissé, même si ce n'est pas de notre faute. Et on espère aussi que les concerts de fin d'année auront bien lieu. Ça semble toujours un peu compliqué mais on espère pouvoir défendre l'album et le jouer devant des gens, des personnes réelles.
Finalement, Internet et les réseaux sociaux n’ont jamais été aussi utiles qu’aujourd’hui…
Paul : Bah ouai c'est important. Sans ça, je pense que ca pourrait nous foutre en l'air totalement le cycle de l'album. On sait pas encore pendant combien de temps on va rester dans cette situation là, il faut trouver des alternatives. Des alternatives virtuelles, mais il ne faut pas cracher dessus. Je pense qu'il y a pas mal de groupes qui peuvent être réticents, notamment les groupes old school, à faire des choses comme ca mais il faut faire avec ce qu'on a. Il faut être content de ce qu'on nous propose, des moyens qu'on nous met à dispo pour pouvoir communiquer avec les fans. C'est une époque bizarre mais heureusement qu'il y a toutes ces plateformes pour pouvoir continuer à pouvoir faire vivre la musique, même si c'est virtuellement.
Quand on écoute le titre Lost In A Wave, on retrouve pas mal d’échos à la situation actuelle…
Paul : Le morceau est arrivé en septembre 2020, on était déjà bien dans la crise quand le morceau est arrivé. Mais je pense que cette crise sanitaire et tout ce qui se passe en ce moment, ça nous a pas mal influencé pour l'album. Je pense que ça s'entend sur certains titres. L'album n'est pas focalisé sur la situation actuelle mais je pense que ça a eu quand même un impact sur la musique. Et même de manière générale sur la plupart des artistes qui sortent de la musique actuellement, je pense que ça a eu un impact pas forcément que sur le songwriting, mais sur le fait qu'ils ont dû enregistrer chez eux. Ce sont des conditions qui n'étaient pas propice à ce genre de chose avant et au lieu d'aller en studio on travaille à la maison, on répète à distance, on fait des zoom, etc. Je pense que ça a marqué tous les artistes de notre génération.
Une chose est sur, on va pouvoir compter sur LANDMVRKS pour nous occuper l’esprit et les oreilles avec ce nouvel album Lost In A Wave, l’une des plus belles sorties metalcore de ce début d’année ! Si tout se passe bien (et que ce virus nous lâche la grappe), le groupe repartira sur les routes de France cet automne avec neuf dates déjà annoncées et d’ici là, on vous conseille vivement de les suivre sur les réseaux sociaux pour profiter de toutes les petites choses que les garçons nous ont préparé.
Voici les prochaines dates françaises :
- 4 septembre : Marseille - Espace Julien
- 9 septembre : Grenoble - L'Ampérage
- 10 septembre : FR Lille - La Bulle
- 11 septembre : Paris - La Maroquinerie
- 16 septembre : Metz - L'Aérogare
- 17 septembre : Mulhouse - Noumatrouff
- 18 septembre : Lyon - CCO
- 24 septembre : Nantes - Scène Michelet
- 25 septembre : Quimper - Novomax