Il était une fois : "Summertime" par Janis Joplin

Janis Joplin passe son enfance à Port Arthur, une région marécageuse du Texas qui ressemble aux bayous de la Louisiane. On dit qu’il y règne une atmosphère moite où coule une sensibilité musicale proche du Delta du Mississippi, terre natale du Blues.

Quand Janis débarque à San Francisco en 1966, elle emporte dans ses bagage son héritage de "la musique du diable" pour la confronter aux plaisirs interdits du sexe et de la drogue.

Le groupe Big Brother And The Holding Company est déjà bien implanté dans la baie de ‘Frisco’ comme une référence d’un blues jazz progressif et expérimental. La seule concession à la tradition est Summertime déjà repris par des grands noms du jazz comme Ella Fitzgerald ou Nina Simone.

La berceuse à l’atmosphère aussi chaleureuse qu’inquiétante est une composition de George Gershwin pour l'opéra Porgy and Bess en 1935.

Dans sa nouvelle version Big Brother s’autorise une introduction originale du guitariste Sam Andrew, influencé par « le prélude en do mineur du "clavier bien tempéré" » de Bach joué à demi tempo. Ce point de départ permet à Janis Joplin de se lancer dans une interprétation incandescente.

« C’était comme si du métal en fusion était déversé dans la forme la plus conventionnelle du morceau », explique son guitariste encore sous le choc de l’exploit de la chanteuse.

Cette bande de hippies aux cheveux longs pouvait alors rivaliser avec les plus grands noms du blues en créant quelque chose de nouveau mélangeant le classique, le jazz et le rock psychédélique.

C’est au Monterey Pop, le premier grand rassemblement musical en 1967, que le public abasourdi découvre la voix orageuse de Janis Joplin. La version de Summertime inaugure l’été de l’amour et démontre toute la richesse sonore de la plus grande chanteuse de sa génération à partir d’une simple berceuse pour enfant devenue le standard de jazz le plus repris de tous les temps.