“Dormir dehors” de Daran et les Chaises : de quoi ça parle ?

Dans Dormir dehors, Daran n’évoque pas l’errance au sens littéral. C’est symbolique : il représente l’exclusion d’un foyer, d’une intimité qui se délite, le moment où l’on se retrouve rejeté hors de la chaleur du couple. La chanson peint la fin d’une relation qui continue malgré tout à tenir une façade — non pas pour sauver les apparences envers les autres, mais pour se mentir à soi-même.

Daran rejette cette illusion. Quand il dénonce « l’imposture du langage » ou chante « Tout va bien, sauf que tout va mal, l’illusion est totale », il refuse de s’accrocher à un simulacre. Même la « cuisine équipée » devient un symbole ironique : le confort préfabriqué d’un foyer trop lisse, trop standardisé pour sonner vrai.

Le morceau, porté par une mélodie douce-amère, fait émerger l’idée que la vraie violence n’est pas la solitude, mais l’étouffement émotionnel. Mieux vaut l’inconfort du dehors que l’asphyxie du dedans. Lorsqu’il lance : « Je ne suis pas assez triste pour voir mes yeux et mes cicatrices se refermer sans aller voir de l’autre côté », Daran affirme que la liberté a un prix, mais qu’elle est préférable au mensonge.

Dormir dehors devient alors un hymne intime à la lucidité : choisir de partir pour rester soi-même.

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