Les Pussy Riot libérées !

OUI FM

26 décembre 2013 à 13h42 par Cécile Descamps

Lundi 23 décembre, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, deux membres du groupe de rock russe Pussy Riot, ont été graciées et libérées de leurs centres de détention où elles purgeaient une peine de deux ans pour "hooliganisme" pour avoir chanté, lors d'une performance live en février 2012, une "prière punk" contre le président Vladimir Poutine.

Lundi 23 décembre, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, deux membres du collectif punk féministe russe Pussy Riot, ont été graciées et libérées de leurs centres de détention. Elles purgeaient une peine de deux ans pour "hooliganisme" pour avoir chanté, lors d'une performance live en février 2012, une "prière punk" contre le président Vladimir Poutine. Tout commence le 21 février 2012 alors que le collectif punk féministe russe Pussy Riot fait irruption dans une cathédrale moscovite pour y déclamer devant l'autel une prière revisitée façon punk pour demander à la Vierge de chasser Poutine, le président russe. Le 17 août, on apprend que trois d'entre elles, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, sont condamnées à deux ans de détention pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse". La sévérité du verdict provoqua alors l'indignation en Russie et dans le monde entier, où s'organisèrent de nombreuses manifestations de soutien, tandis que la police était toujours à la recherche des autres membres des Pussy Riot, qui poursuivront leur action à l'étranger. Le 10 octobre 2012, une première Pussy Riot est libérée à l'issue du procès en appel des trois condamnées : la peine de Ekaterina Samoutsevitch est alors commuée en condamnation avec sursis. Les deux autres sont maintenues et même bientôt transférées dans des camps loin de Moscou, tandis qu'Ekaterina fait appel à la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour dénoncer l'iniquité du procès du groupe. Durant toute leur détention, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova n'auront de cesse de tenter d'alerter le public sur leurs conditions d'emprisonnement dans ces camps réputés difficiles. À bout de forces, Nadejada Tolokonnikova finira par être transférée en prison médicalisée. Sa demande de libération conditionnelle sera rejetée en avril 2013. Le mois suivant, Maria Alekhina fait savoir qu'elle entame une grève de la faim, après qu'on lui ait refusé d'assister à une audience sur sa demande de libération anticipée, qui sera rejetée. Après une lettre ouverte au quotidien britannique The Guardian en septembre 2013, Nadejda Tolokonnikova sera placée en isolement. Elle y décrit son "quotidien d'esclave" et explique : "Ma brigade travaille dans l'atelier seize à dix-sept heures par jour. De 7h30 du matin jusqu'à minuit et demi. Au mieux, nous dormons quatre heures par nuit. Nous avons une journée de repos tous les mois et demi ». Dans les jours qui suivront, elle sera transférée à l'hôpital suite à une grève de la faim de sept jours, tandis que son mari se voit refuser tout droit de visite. La punition ira même plus loin, puisqu'elle sera finalement envoyée dans un nouveau camp de travail en Sibérie. Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova sont finalement libérées le 23 décembre dernier, suite à la publication d'une loi amnistiant les personnes condamnées à des faits mineurs, dont le "hooliganisme". À l'initiative de Vladimir Poutine devrait concerner environ 25.000 personnes. Dès sa libération, Maria Alekhina dénonce une "opération de communication" du président Poutine. Avec Nadejda Tolokonnikova, elles devraient donner une conférence de presse vendredi. Toutes deux veulent continuer à se battre pour la défense des droits de l'homme.