Johnny Cash

25 mai 2010 à 19h33

OUI FM

Johnny Cash etait un chanteur-guitariste et auteur-compositeur de musique country américain.   Johnny Cash n’est pas que le plus important chanteur country de l’après-guerre. Les ventes de disques et le succès, qu’il a parfois eu du mal à assumer, ne sauraient résumer l’artiste qui a su proposer un style unique, au carrefour des influences du gospel, du rock et du blues. Cash fait voler en éclats les codes et la morale de l’Amérique blanche et ceux de la country de Nashville. Légende rebelle et icône incontournable, l’homme en noir chante les légendes tristes et dignes d’hommes effondrés dans le caniveau qui finissent toujours par se relever. 90 millions de disques vendus, pas moins d’une centaine de singles classés dans les charts n’empêchent donc pas Cash d’incarner l’anti-rêve américain. Johnny Cash naît en 1932 dans l’Arkansas, en pleine Grande Dépression. Il grandit au milieu de six frères et sœurs, en entendant sa mère Carrie chanter toute la journée. Le petit John l’accompagne maladroitement à la guitare. Il déserte vite les bancs de l’école pour aller travailler dans les proches champs de coton, bercé par le gospel et la country music. A douze ans, il commence à écrire ses premières chansons, et très vite, il se produira régulièrement sur une petite radio locale. Après avoir enchaîné nombre de petits boulots, Johnny finit par s’engager dans l’armée. C’est en casernement en Allemagne qu’il achète sa première guitare, et perdra l’usage d’un tympan lors d’un accident. Il y crée son premier groupe, les Landsberg Barbarians. En 1951, un documentaire sur le sort des bagnards dans les prisons américaines éveille son intérêt, et très vite, il organisera des concerts dans les centres de détention. Il militera d’ailleurs toute sa vie pour une réforme du système carcéral. De retour aux Etats-Unis, il s’installe à Memphis, Tennessee, et épouse Vivian Liberto. En 1954, Cash auditionne pour la première fois pour le label Sun, avec un répertoire de chants religieux. Mais le directeur, Sam Phillips, l’encourage à revenir avec quelque chose de plus commercial. C’est donc des compositions au carrefour du rock’n roll et de la country servies par sa voix de baryton qui séduisent le producteur. Phillips impose le prénom Johnny, que Cash trouvera pourtant toujours trop juvénile. Le premier 45 tours est enregistré avec son groupe de l’époque, The Tennessee Two, voire Three, quand les cachets le permettaient (Luther Perkins à la guitare, Marshall Grant à la basse). Et le succès ne se fait pas attendre : Hey Porter, Cry Cry Cry, Poison Prison Blues et I Walk The Line s’enchaînent entre 1955 et 1956. Les 45 tours se vendent déjà à plus de 100.000 exemplaires. La reconnaissance des pairs est à son comble quand Cash participe au Grand Ole Opry, grand messe country, et il enregistrera son premier album en 1957 (il est alors le premier des artistes Sun), With His Hot Blue Guitar. Il participe aussi au légendaire Million Dollar Quartet, aux côtés de Jerry Lee Lewis, Elvis Presley et Carl Perkins. On note également sa première apparition au cinéma, salué par le public pour son rôle de serial killer dans Five Minutes To Live. C’est à cette époque que Cash devient le Man in Black, se présentant toujours au pubilc entièrement vêtu de noir, contrastant ainsi avec la tradition plutôt paillettes et chemises à jabots des autres chanteurs de country. Mais des tensions de plus en plus fortes commencent à se faire sentir avec Sam Phillips, notamment lorsque le producteur refuse à l’artiste un projet de disque gospel. Johnny Cash signera donc en 1957 avec Columbia, où il pourra proposer une musique plus personnelle, mais aussi davantage au goût du jour. Il déménage alors à Ventura, en Californie, et commence à se produire sur scène accompagné de June Carter, membre éminent d’une grande famille country, la Carter Family. Leur relation amoureuse est tumultueuse, chacun étant engagé de son côté. En effet, Johnny a déjà eu avec son épouse deux jeunes enfants, et June est fiancée. Cash marquera la fin des années cinquante avec All Over Again en 1958 et Don’t Take Your Guns to Town en 1959. La décennie suivante sera celle du triomphe exponentiel, avec l’album Ride This Train en 1960, les titres Tennessee Flat-Top Box et Bonanza ! qui le suivent. Le succès et la pression de tournées de plus de 300 dates pèsent sur les épaules de Cash, qui se retrouve accro aux amphétamines et bartbituriques, et aux prises avec de sérieux problèmes d’alcool. La chanson de June Carter pour Cash, The Ring of Fire, illustre bien cette débâcle du chanteur, et deviendra un succès. C’est à cette époque qu’il quitte sa famille et s’installe à New-York Greenwich Village. En 1961, Cash est victime d’une overdose, et sera arrêté en 1965 au Texas, accusé de trafic d’héroîne (il voyage avec des doses dissimulées dans la caisse de sa guitare). Ces sombres années auraient d’ailleurs inspiré le Shining de Stephen King. En effet, le chanteur avait l’habitude de réduire à la hache les motels dans lesquels il séjournait. Cash multiplie les incartades du genre : En 1965, l’échauffement du train avant de son bus de tournée provoque un incendie de plusieurs hectares d’un parc naturel californien. A ce sujet, il répondra au juge : « moi, je ne sais pas... vous n'avez qu'à demander à mon bus... mais comme il est mort... ». Il finit par divorcer de Vivian, avec qui il a eu quatre filles en six ans, et part pour Nashville. En 1967, le duo Jackson vaudra au couple emblématique Cash-Carter un Grammy Award, et Bob Dylan invite son ami, dans un souci thérapeutique, à participer au festival folk de Newport. En 1969, Cash participe au Nashville Skyline de Dylan. Mais il est pourtant mis au ban de l’establishment country,  qui voit d’un très mauvais œil les excès en tous genres du chanteur. Mais en 1968, le clan Carter, June en tête, l’aide à décrocher et Cash devient chrétien fondamentaliste. Il épouse June, ayant rempli les conditions du marché qu’elle lui avait proposé : sevrage contre mariage. Deux concerts historiques en 1968 et 1969 dans les pénitenciers de Folsom et San Quentin donneront lieu à deux albums, considérés par le magazine Rolling Stone comme appartenant aux cinq cents meilleurs disques de l’Histoire. Il semble bien que Cash soit de nouveau sur les rails. John, fruit de son union avec June, naît en 1970. Il est reçu par le président Nixon à la Maison Blanche, enregistre avec John William et le Boston Pops Orchestra, joue aux côtés de Kirk Douglas dans The Gunfight.. Il est alors sur tous les fronts, militant avec June pour le sort des bagnards et des Indiens d’Amérique, devient aussi animateur du Johnny Cash Show sur ABC, produit avec son épouse Gospel Road (un film sur la vie du Christ). On pourra aussi le voir dans les séries télévisées Columbo ou La Petite maison dans la prairie, prêtera sa voix à un coyote de l’espace dans les Simpsons, et trouvera le temps d’écrire son autobiographie L’Homme en noir (parue en 1975). A la fin des années 70, contre sa réputation de chanteur réactionnaire, Cash enregistre des standards de Nick Lowe, Kris Kristofferson (respectivement emblèmes du pub rock britannique et d’une certaine country progressiste) et Bob Dylan. Mais son public est moins progressiste, et ne le suit pas vraiment dans cette direction. Peu importe, Cash continue de sillonner le pays pour présenter son Johnny Cash Show. Malgré des ennuis de santé et l’abandon du label Columbia, Cash continue de se produire, notamment au sein de The Highwaymen, avec qui il enregistrera trois albums. En 1986, il est victime d’un coma post-opératoire dont il aura le plus grand mal à se sortir. En 1992, Johnny Cash est simultanément intronisé au Rock’n Roll et au Country Hall Of Fame. Il rencontre le producteur Frederick Jay Rubin (qui a œuvré sur le célèbre duo des rappeurs de Run-D.M.C. avec Aerosmith). De leur collaboration naîtront six albums (dont deux seront posthumes) de reprises surprenantes de Soundgarden, Nick Cave, Leonard Cohen, ou encore U2. En 1994, Cash réalise enfin son rêve, et enregistre My Mother’s Hymn Book, répertoire de musique traditionnelle et gospels. En 1999, il reçoit un Grammy Award pour l’ensemble de sa carrière. A la fin des années 90, en plus de son diabète, Cash souffre d’une affection neurologique, ainsi que d’une grave pneumonie. June Carter décède le 15 mai 2003, à l’âge de 73 ans, suite à des complications opératoires. Cash ne survivra que quatre mois à son épouse, et meurt à son tour le 12 septembre 2004, à l’âge de 71 ans. Comme il avait juré à June qu’il continuerait sa carrière de chanteur, il avait donné ce qui devait être son ultime concert en juillet 2003. Peu de temps avant sa mort, le magazine Rolling Stone consacrait un numéro à Johnny Cash, dans lequel de nombreuses personnalités rendent hommage au chanteur. Son ami Bob Dylan dit alors de lui « Il représente le pays et la terre, son cœur et son âme […] » Il recevra, à titre posthume, un Grammy Award en 2004. En 2005, Johnny Cash est le sujet d’un biopic de Joaquin Phoenix, Walk The Line. (Sources : Biographie de Johnny Cash, par Jim Macnie, pour